Je dépasse de peu la quarantaine. Issu d’une famille maghrébine nombreuse et de
situation moyenne dans l’ensemble. Vivant dans une petite ville du Nord-Ouest du pays.
Licencié en discipline scientifique à 24 ans d’une université française comme
boursier, car mes parents n’auraient jamais pu me payer de telles études.
Rentré au pays en signant un contrat avec des investisseurs
qui allaient s’installer au pays (mauvais choix?). Rien ne marche durant deux ans (une histoire à écrire dans un
livre à elle seule!).
Je me retrouve face à face avec la réalité du pays pourtant amère et complexe mais
qu’autrement je n’aurais jamais connue. Premier entretien d’embauche : je refuse la
proposition d’une boite d’industrie pharmaceutique (le domaine le plus proche de ma
formation pourtant!) sans réfléchir qu’on peut gagner en expérience même avec un bas
salaire et même si l’on vit difficilement ( manque de vision ? ).
Et depuis on dirait que toutes les portes se refermaient devant moi! les unes
après les autres! Je pensais " la chance c’est comme une baguette de pain, plus vous
en mangez, moins il vous reste! jusqu’à rien laisser!!" ( Erreur ! c’était une
conséquence directe de mes problèmes que je n’identifiais pas parce que je
me connaissais mal ou je n’avais pas avant, la possibilité de me connaître!).
Impossible de rattraper ou de faire demi-tour!, toute tentative échoue! Même en
s’incrustant dans les méandres du marché de l’emploi (licites et illicites!!).
A moi, ça ne réussissait pas je me disais ( à tort aussi! ).
A vrai dire, d’échec en échec, j’accusais les coups en douceur!.
La société et la manière unique de penser ainsi que la peur du ridicule, ont fait que
je perdais la qualité pourtant innée que j’avais toujours: l’optimisme que je commençais
à qualifier de dérisions!!
Perte de confiance en moi.
Mon milieu de fréquentation devenait restreint de plus en plus. l’« autre »
commençait à me déranger. Plus goût à rien sauf à ce que je ne pouvais fuir pour
des contraintes liées à ma famille. En bref une vision plutôt noire de l’avenir qui
me hantait. Je m’étonnais moi même à ce que je ne retrouvais plus mes capacités
intellectuelles d’avant, comme si je perdais tout mon savoir. Tout ça à force d’être
confronté continuellement à une situation qu’on pense à priori imposée!.
A chaque occasion je faisais un effort supplémentaire pour y arriver mais ceci ne
faisait qu’enfoncer davantage le clou.
Le pire c’est quand on pense à son âge. Ça devenait bel et bien une infirmité.
En bref, mon problème n’était pas vraiment le chômage de plusieurs années
(le chômage, on en connaît les raisons politiques et autres!), mais le fait de ne pas
parvenir à m’en sortir d’une façon ou d’une autre vue mon incapacité à s’ouvrir
sur d’autres horizons. C’était ça mon vrai problème ! J’avait en plus deux grands
défauts: perfectionniste et argumentaliste et je m’ignorais.
J’avais un bagage et un savoir mais je ne savais guère l’exploiter à bon escient.
Pourtant mes chances étaient là!. A côté!.
Mais comment allais-je voir ?
Il fallait bien une chance à saisir un jour ! ....